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Face à la pénurie de talents, embaucher des profils seniors est-il la solution ?

En 2022, les médias ont été nombreux à aborder ce sujet fort de l’emploi : la pénurie de talent.  Qu’appelle-t-on pénurie ? 

C’est tout simplement quand les recruteurs ont plus d’offres d’emploi que de demandes. Si le sujet a largement été traité en 2022, il n’est pas nouveau. Certains estiment que la pénurie est constatée depuis 2018, alors que d’autres considèrent qu’elle a toujours existé dans certains secteurs. Tous s’accordent cependant sur un point : la pénurie s’est accentuée avec la crise sanitaire, et les DRH repensent leurs méthodes pour y faire face. 

Aujourd’hui nous vous parlons de pénurie de talents mais nous ouvrons surtout la conversation sur une potentielle solution : embaucher des seniors pour y faire face, bonne ou mauvaise idée ? 

C’est quoi la pénurie de talents dont tout le monde parle ? 

Selon l’enquête sur les conditions de travail publiée par la Dares en 22 juin 2022, 71% des entreprises françaises sont actuellement confrontées à des difficultés de recrutement. Dans le domaine de l’IT, ce chiffre est encore plus haut puisque selon le baromètre « transformation digitale des ressources humaines » publié par Future of RH, 97% des entreprises déclarent avoir du mal à recruter. 

La pénurie n’est pas un phénomène français. Les pays du monde entier y font face à un niveau record depuis 12 ans maintenant.

On parle de pénurie de talents, lorsque l’offre de personnes qualifiées et disponibles est inférieure à la demande des employeurs. Les conséquences ? Les entreprises ont du mal à trouver le personnel qualifié dont elles ont besoin. Ce qui bien entendu limite leurs activités et leur croissance. 

Pourquoi les entreprises peinent-elles à recruter ?

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les entreprises peuvent avoir du mal à recruter. 

Manque de notoriété, situations géographiques…mais on observe également une tendance chez les candidats à vouloir trouver plus de sens dans leur travail et des avantages supplémentaires. Dans le top des attentes des candidats, on retrouve depuis la crise sanitaire notamment : la flexibilité et la possibilité de faire carrière au sein de l’entreprise. Ces deux critères peuvent faire pencher la balance en faveur d’autres offres. 

Les processus de recrutement traditionnels peuvent également être moins efficaces et oublient de prendre en compte l’adaptation à la culture de l’entreprise.

Mais les chiffres de l’enquête de la Dares indiquent que les conditions de travail sont en grande partie responsables des difficultés de recrutement. En effet, 85% des dirigeants proposeraient des emplois qui exposent à des conditions de travail difficiles

En cause, des difficultés à recruter à des postes qui impliquent des charges lourdes, du bruit, un travail répétitif, des agents chimiques dangereux mais également des contraintes horaires. 

La pénurie de talents touche de nombreux secteurs. Le secteur de la métallurgie arrive en tête des secteurs les plus touchés, suivi par le secteur de l’énergie et les autres industries, le secteur du transport, des activités techniques et administratives et le secteur de la construction. Mais sont également touchés les secteurs du conseil et du numérique, les métiers du soin et du social et l’hôtellerie-restauration qui ont, eux aussi, du mal à trouver des candidats qualifiés et à les retenir.

Pénurie de talents, quelles solutions ?

Pour lutter contre la pénurie des talents en France, plusieurs solutions sont possibles.  Chaque entreprise souhaite trouver et garder ses talents qui partagent leur culture d’entreprise. Cela passe par  la mise en place d’une stratégie de gestion des talents à l’intérieur même de la société.

Car en effet, face à la concurrence toujours croissante pour recruter et garder les talents, il est de plus en plus important pour d’investir dans une bonne stratégie de gestion des talents.

Attirer, développer et manager ses talents

La première solution est d’attirer les talents en s’adaptant à l’avenir du monde du travail. Cela signifie que les équipes RH doivent se préparer à gérer des viviers de talents et à intégrer des fonctionnalités nouvelles pour recruter à grande échelle grâce par exemple à des entretiens vidéo à des plates-formes. Aujourd’hui c’est aussi à l’entreprise de faire bonne impression pour attirer ses talents en travaillant sa marque employeur. Pour cela, la question qu’elle doit se poser est : Quelle image mon entreprise renvoie-t-elle aux candidats potentiels ?

La transparence, l’authenticité et les valeurs qui définissent l’entreprise doivent être partagées.

De plus, les entreprises peuvent investir dans le développement de leurs propres talents pour les postes à pourvoir. Elles doivent donc encourager l’engagement et la participation de leurs employés en proposant des formations et le développement de carrières en interne. On sait déjà que 54% des employeurs investissent  dans des plateformes d’apprentissage et des outils de développement pour construire leur propre vivier de talents.

Enfin, la gestion des talents passe aussi par une stratégie managériale. Il est donc essentiel pour les talents de s’épanouir dans leur environnement de travail et pour cela,  l’ensemble des managers et chefs d’équipes doivent s’impliquer dans cette gestion de talents. Une bonne stratégie va ainsi permettre d’améliorer le bien-être au travail, diminuer les conflits et de fidéliser ses talents mais aussi de développer une bonne image de marque employeur pour attirer de nouveaux talents.

Explorer de nouveaux viviers de talents 

En complément de tout cela, les entreprises cherchent désormais à explorer de nouveaux viviers de talents. Et si la diversité multigénérationnelle était une force pour une entreprise ? 

Recruter des seniors peut être une solution pour lutter contre la pénurie.

Les seniors ont des compétences et une expérience qui peuvent être très utiles pour les entreprises. Contrairement à des profils jeunes diplômés, on peut penser que les seniors ont su développer des compétences de terrain précieuses pour les entreprises. En outre, de nombreux DRH attachés à l’emploi des seniors attestent d’une qualité précieuse : la transmission. Au-delà des tâches effectuées au quotidien, il s’agit là de voir plus loin dans la stratégie de l’entreprise et de faire perdurer des connaissances en permettant à des salariés seniors de les transmettre aux plus jeunes.

Les seniors font face à de nombreux préjugés comme celui qui veut que les seniors s’adaptent moins facilement aux nouvelles technologies ou qu’ils auraient du mal à s’intégrer aux équipes plus jeunes.

Alors que sur le terrain, la diversité des âges dans une entreprise montre que chaque génération apporte avec elle son propre ensemble unique de forces et de faiblesses. 

Pour Christophe, associé de l’entreprise éphémère d’Avignon, en recherche d’emploi, qui a été salarié puis chef d’entreprise en transport et logistique, son âge n’est pas une faiblesse. Autodidacte, il a commencé très jeune à travailler.

“ J’aime aider les gens à réorganiser les services et améliorer le confort du travail des salariés. Je suis consultant mais j’ai été formateur de magasinier, de directeur de magasin, membre de jury pour l’Afpa… bref je suis un passionné de logistique et de transport !”. En recherche d’emploi après avoir fermé sa société il souhaite se lancer dans un nouveau challenge même s’il est conscient de la différence avec la jeune génération. “Je cherche à m’améliorer avec les nouveaux codes et nouveaux langages de la jeune génération de diplômés en logistique et je souhaiterais faire des passerelles entre les anciens et les nouveaux”.

Pour lui c’est une évidence, faire des passerelles entre senior et jeune génération, ne peut que faire grandir une entreprise. “ Je suis conscient que j’ai des choses à apprendre mais en mixant les deux profils on peut arriver à des choses intéressantes ! Je pense que l’un comme l’autre, nous avons besoin l’un et l’autre !”

Aujourd’hui, le taux d’emploi des seniors est de 56 % environ selon Dares alors que dans les pays scandinaves ce même taux grimpe à 90 %.

Alors que l’on parle de grande démission, de difficultés à recruter des talents, ne serait-il pas le moment d’arrêter avec les préjugés liés à l’âge et de voir les avantages ?