Alors que selon les professionnels du secteur le télétravail engendre une flambée des risques psychosociaux, selon la CGT dont les résultats de l’enquête ont été publiés par Le Parisien, 98% des salariés sondés affirment désirer poursuivre le travail depuis le domicile.
Dans la balance nous avons d’un côté : l’équilibre vie professionnelle et vie personnelle, l’autonomie, ou encore la diminution du stress. De l’autre côté : l’isolement, la perte de notions spatio-temporelles ou encore les conflits familiaux. Si la responsabilité d’aménager l’emploi du temps des salariés est revenue aux entreprises, l’expérience de cette année est surtout une opportunité de réflexion. Et si on mettait un pied de chaque côté de la balance pour enfin trouver l’équilibre ?
“Le télétravail a changé ma vie”
Le télétravail, Sandra refuse d’y renoncer. ” Ca a clairement changé ma vie ! Avant je faisais 2h aller-retour dans les transports. Maintenant je fais 30 mns de sport par jour, je lis, je regarde des séries. J’ai plus l’impression que ma vie c’est métro-boulot-dodo !”.
Dans télétravail, il y a “télé” du préfixe grec qui signifie “à distance, loin”. Et aussi surprenant que cela puisse paraître dans nos sociétés de cohabitation et de relations sociales, être loin fait du bien. Être à distance c’est :
- Ne pas se déplacer et donc gagner du temps de vie, du temps de sommeil
- Ne pas être interrompu par ses collaborateurs, et donc gagner en efficacité et en concentration
- Ne pas subir les affres des agendas et la gestion des rôles multiples, en organisant un planning cohérent qui laisse la place à toutes les actions de la journée
Bref dans les avantages du télétravail on cite régulièrement le gain de temps, la liberté d’organisation, la meilleure concentration et donc le gain en productivité, la baisse de l’absentéisme, et la réduction de la fatigue.
Les cadres souffrent de burn-out ( étude Adecco)
Une étude Adecco publiée par le Figaro dresse un portrait moins reluisant du télétravail. D’après l’enquête, la majorité des cadres souffre de burn-out en raison justement de l’amélioration de la productivité induite par le télétravail. En éliminant les trajets, les journées se sont allongées. Les managers ont rencontré davantage de difficultés pour piloter les équipes à distance.
Et c’est là le revers du travail à distance. Risque d’isolement social, de conflits familiaux, perte des notions spatio-temporelles, perte des frontières pro/perso, perte d’esprit d’équipe, effets négatifs sur le sentiment d’appartenance à un projet/une équipe… La liste est longue des conséquences du télétravail sur le moral des salariés.
Sans équilibre, point de salut
Si la majorité des cadres admet souffrir de burn-out, 53% plaident pour une alternance entre télétravail et présentiel. Et si l’équilibre se trouvait tout simplement là ? En proposant une organisation hybride entre présence au bureau et travail à la maison ?
L’absence de certitudes pour les années à venir, que ce soit au regard du Covid-19 ou de l’émergence d’autres maladies, doit pousser les entreprises à réfléchir à de nouveaux modes de travail. L’équilibre est une priorité. Au sein des entreprises se poseront dans les mois à venir les jalons du travail de demain.
La France longtemps à la traîne sur ces questions devrait passer le cap de la “confiance” essentielle dans le travail, indispensable quand ce dernier se fait à distance.
Mais faire rentrer le télétravail dans la culture d’entreprise engendre de repenser la qualification des résultats, et les outils.
Pour que le télétravail soit une réussite, le travail ne doit plus s’entendre en temps, mais en “objectifs cohérents”. Pour qu’il soit suivi, une entreprise doit se doter des outils indispensables à la pratique des activités.
Dans le monde d’après, on imagine aisément que le travail ne soit plus borné par un lieu et par un planning. On aurait alors des missions qui s’exécuteraient dans des lieux au libre choix du salarié, sur des plages horaires choisies en concertation avec l’entreprise.
*IRL = In Real Life, en face à face hors écrans