Il s’est mobilisé en mai 2020 en plein confinement avec d’autres papas pour l’allongement du congé paternité. Pascal Van Hoorne est conférencier mais aussi le créateur du blog Histoiresdepapas. Il a accepté de témoigner pour notre Théma Parentalité/Emploi.
Pendant 8 mois, nous avons collecté des témoignages de parents, de recruteurs et de professionnels. Ils nous parlent souvent en anonyme de leurs difficultés ou des initiatives positives qu’ils ont mises en place. Ce dossier n’a pas pour vocation de récompenser les bons élèves et de fustiger les mauvais, mais uniquement de donner la parole sur un sujet qui concerne de nombreux Français.
Pendant 8 mois, nous avons collecté des témoignages de parents, de recruteurs et de professionnels. Ils nous parlent souvent en anonyme de leurs difficultés ou des initiatives positives qu’ils ont mises en place. Ce dossier n’a pas pour vocation de récompenser les bons élèves et de fustiger les mauvais, mais uniquement de donner la parole sur un sujet qui concerne de nombreux Français.
Pascal est resté salarié pendant 13 années au sein d’un grand cabinet d’avocats d’affaires. Il occupait dans l’entreprise des fonctions de développement en communication, marketing et RH. Dans sa carrière dans la société, il a pris la direction de l’activité formation.
C’est la naissance de ses jumeaux qui l’a poussé à s’interroger sur son rôle de papa, et par extension sur sa situation professionnelle. Quel père avait-il envie d’être ? Un papa présent. Cette envie, ce besoin d’être là a invité notre interlocuteur du jour à devenir indépendant, simplement pour avoir plus de temps pour lui et sa famille.
Pascal Van Hoorne est donc aujourd’hui “ à son compte ” comme on dit, et exerce plusieurs activités : consultant en communication, intervenant en école supérieure, et le sujet qui nous intéresse aujourd’hui, une activité de blogging sur la paternité/ la parentalité au travers du site internet Histoiresdepapas créé il y a 4 ans. Sur ce blog, il raconte son histoire de papa et celles d’autres pères qui l’inspirent.
“ Je ne trouvais pas de ressources qui parlaient des pères et quand j’en trouvais je ne m’y reconnaissais pas. Il manquait un espace pour parler de la paternité aujourd’hui. ”
Il aborde des sujets qu’on tait souvent, ou qu’on attribue aux mamans exclusivement. Baby blues du papa ou papa qui ont changé de vie… l’idée est de changer le regard de la société en douceur sur les pères pour sensibiliser sur la notion d’égalité parentale.
“ J’ai une attache très importante à l’égalité entre les femmes et les hommes et je suis persuadé que beaucoup se joue au moment de la parentalité où la femme est vue comme une mère et plus comme la professionnelle qu’elle était. Mais si on change le regard sur la paternité, on gomme le risque maternité en le transformant en risque parentalité (porté aussi bien par les pères que par les mères). Ça ne sera donc plus vu comme un risque.”
Toujours dans ce sens, il s’engage énormément sur l’augmentation de la durée du congé paternité avec un collectif d’autres papas très médiatisé dans lequel Pascal prend la parole. La transition parfaite vers son activité de conférencier.
“ Ce congé paternité ou la paternité en général sont des sujets fondateurs très présents aujourd’hui. On est dans un monde de transformation sociétale majeure et ça doit s’accompagner par tous les acteurs. L’entreprise a un rôle majeur dans cette transformation et c’est auprès d’elle qu’il faut jouer. 80 % des salariés sont parents, c’est donc au niveau des entreprises que tout se joue ! ”
“ Aujourd’hui le vrai enjeu des entreprises en termes de recrutement est de réussir à recruter mais aussi de garder ses talents et la parentalité est l’un des leviers qui permet d’impacter la marque employeur. "
Dans cette optique, il encourage les entreprises à présenter le congé paternité, à mettre en place des horaires flexibles, pour permettre aux parents à mieux conjuguer leur équilibre entre vie pro et vie perso. Pour lui les entreprises en ont conscience et elles se saisissent du sujet.
“ Les entreprises commencent à s’y mettre mais il y a toujours des entreprises très en avance , comme les banques, le domaine du luxe, les starts up dans la tech… Une chose est sûre, ce n’est pas la majorité des entreprises, on est qu’au début du mouvement ! “
On parle d’un changement culturel qui prend du temps. Quand Pascal intervient, il a systématiquement des pères qui viennent le voir car ils ont une mauvaise image dans leur entreprise parce qu’ils prennent leur congé paternité ou qu’ils quittent leur emploi à 16h pour récupérer leurs enfants.
“ Malheureusement, cela reste encore une réalité aujourd’hui car on parle d’un changement culturel ! Cela ne se fait pas en un claquement de doigt mais avec le temps. Il faut parler de ce sujet et montrer que c’est possible pour que cela devienne une nouvelle norme ! ”
Quand Pascal et le collectif de papas se sont penchés sur la durée de l’allongement du congé paternité, la question s’est posée de militer pour obtenir un mois ou de se calquer sur le modèle norvégien.
Ce que Pascal observe c’est qu’il y a à la fois de l’auto-censure de la part des papas mais il y a aussi la peur du jugement. De leurs côtés, les entreprises ne sont pas du tout prêtes à accepter ce congé paternité d’un mois ! “ Je vois des papas qui doivent se battre avec leurs entreprises pour faire accepter leurs congés ! ”
Face à cette situation, certains choisissent de devenir indépendant. Mais selon ce papa, ce n’est pas une solution adaptée à tout le monde.
“ Monter sa boîte demande beaucoup de résilience, des capacités de rebond et beaucoup d’autres choses pas si évidentes que cela. Tout le monde n’a pas les compétences, ni l’envie. Mais je constate que beaucoup de parents ont quitté leur emploi pour devenir indépendants et avoir plus de flexibilité ! ”
C’est aussi le message que Pascal souhaite faire passer aux entreprises. “ Attention, demain vous ne pouvez pas devenir une coquille vide avec une jolie boîte mais aucun salarié ou avec des gens qui sont là car il n’ont pas le choix et qui sont frustrés ! ”
Pascal croit à l’idée de co-responsabilité. “ Oui les entreprises peuvent faire des choses mais les salariés doivent aussi proposer des choses. Oui, je veux prendre mon congé paternité et j’ai conscience que cela peut déstabiliser l’équipe. Mais qu’est ce que je mets en place en amont avec mes collègues, avec mon entreprise, pour faire en sorte que cela se passe bien ? ”
Les entreprises mais aussi les salariés et les individus doivent avancer ensemble.
Car les chiffres sont parlants :
“ 80% des femmes changent d’activité après une naissance et du côté des hommes nous sommes à 1 sur 10. On sait aussi qu’un couple sur deux se termine par un divorce et que les hommes se surinvestissent beaucoup plus au travail que les femmes ! Donc dans le cas d’un divorce, cela engendre une précarité pour les femmes. C’est pour cela que je pense que le sujet de la parentalité est hyper puissant. Car quand on l’observe on remarque qu’il est au cœur de plein de sujets et qu’il a de nombreuses conséquences sur différents niveaux de la société.”
Patrice Bonfy, Pascal Van Hoorne et Tristan Champion ont lancé un « Chann3l » sur 3lse.
Des cycles de conférence mutualisés distribués par 3lse et accessibles aux entreprises de toute taille : 4 conférences au fil de l’année, et des interactions avec les speakers entre les conférences.