Votre regard sur la démarche Entreprise Ephémère ?
Julien Poron : Excellente ! Notamment sur des postes où finalement on ne va pas attendre des forts niveaux de diplômes. La moitié de nos 400 postes pourvus en France sont des postes qui ne nécessitent pas de qualification. Donc qu’est-ce qu’on attend ? Du savoir-être plutôt que du savoir-faire. De l’engagement. De la motivation. Et c’est exactement les mots qu’on a entendus ici ce matin. Du coup pour nous c’est une aide extrêmement précieuse parce qu’on sait qu’avec un concept comme le vôtre, on va optimiser notre temps en rencontrant justement des personnes chez qui il y a déjà cette approche-là. On aurait juste reçu les C.V. de vos « associés » (les personnes en recherche), on n’aurait pas pris le temps de contacter ne serait-ce que 20% d’entre eux. Car quand on est sur du papier, quand il n’y a pas cette notion humaine, on va aller à l’efficacité et du coup uniquement sur le C.V. Alors que là, cela donne l’opportunité de voir des personnes et ça, c’est une vraie force
Quelle analyse avez-vous du marché de l’emploi ?
Julien Poron : on a senti dès le début 2021 qu’il était en tension. Le secteur logistique ne s’est jamais arrêté de fonctionner donc on a toujours continué à recruter pendant la période Covid mais depuis un an, c’est extrêmement compliqué pour nous de recruter. Il y a eu une très grosse reprise au niveau du marché national de l’emploi à l’été 2021. Là où il y a encore six mois, nous passions une annonce et nous recevions peut-être 60 ou 80 C.V. par poste, aujourd’hui on en reçoit que 15. On passe de 60 à 15 ! Donc un marché de l’emploi extrêmement difficile. De plus, on a fait le tour des bassins de l’emploi donc c’est dur de trouver des personnes qualifiées pour certains postes et qui correspondent aussi à nos critères. D’où encore une fois l’importance de sollicitation comme la vôtre. On s’est dit : « voilà une nouvelle source qui parle de savoir-être ? Ça nous intéresse ! ».
Comment recrutez-vous de préférence ?
Julien Poron : Plutôt par les annonces et les Jobs Boards. Beaucoup d’annonces diffusées sur LinkedIn pour les postes de maîtrise et de cadre évidemment, et aujourd’hui aussi les postes de hautes maîtrises et de maîtrises, cela marche pas mal.
Nous travaillons aussi avec Région Job, Hello Works qui rayonne sur toute la France et on va démarrer avec Météo Job. Sans oublier l’Apec sur les postes de cadres et de maîtrise.
Quelles sont les grandes tendances que vous sentez à 6 mois ?
Julien Poron : Pour nous on est passé l’année dernière de 450 recrutements en moyenne à 1000, avec beaucoup de CDD. Donc, en 2022, on va être en « maîtrise de notre croissance », comme exprimé par notre PDG France.
Concernant le marché, je pense qu’on restera encore au moins 6 mois sur un marché d’emploi tendu, mais du coup favorable pour le candidat.
On prend du retard dans toutes les entreprises pour valider des postes ; je le vois chez nous, le marché se tend ; et du coup, là où on confirmait des postes en deux ou trois mois, on met un peu plus de trois ou quatre mois aujourd’hui. On en a encore pour 6 mois.
Y a-t-il une évolution des métiers que vous recrutez ?
Julien Poron : Très lentement. Comprenez bien qu’on est une très grosse entreprise présente dans tous les pays du monde et du coup on a des process communs, c’est-à-dire que quelqu’un travaillera normalement de la même façon entre une agence à Roanne et à New York. Donc quand on veut changer des processus et transformer des métiers et des postes ça prend toujours nécessairement un peu de temps. Donc oui les métiers s’affinent mais ce n’est jamais des gros changements.
Pour autant ; on a des métiers qui ont évolué avec l’ouverture de notre nouveau Hub sur l’aéroport Roissy Charles de Gaulle, on n’a plus les mêmes besoins qu’auparavant en métiers de manutention, et donc on accompagne l’évolution de nos équipes par des formations sur les nouveaux métiers.
Et la période récente vous a-t-elle conduit à instaurer de nouvelles approches RH ?
Julien Poron : Oui pour nous R.H. la visio-conférence s’est énormément démocratisée. Le télétravail, également, c’est quelque chose qui n’était pas trop dans notre culture et on n’a pas eu le choix. Évidemment on verra ce qu’il en restera par la suite.
Et entre DHL et les Entreprises Éphémères, au niveau national, comment pourrions-nous avancer ensemble ?
Julien Poron : On a des gros bassins d’emploi en Île de France mais aussi à Lyon et à Marseille où vous êtes également présents et au-delà, partout en France. Donc oui bien sûr qu’il y a des choses à mettre en œuvre parce que ces recherches-là de savoir-être sont évidemment les mêmes qu’on soit à Paris ou à Marseille. Ces besoins de postes, on les a partout en France.
Et pour terminer, quel mot exprimerait le mieux ce que vous avez vécu avec nous dans l’Entreprise Ephémère Job Waoow de Villetaneuse, avec les associés ?
Julien Poron : Je n’avais jamais vu ça, d’impliquer vos associés, chacun dans un métier représentatif d’une entreprise, c’est extrêmement innovant. Donc, oui, l’innovation et la bienveillance !
Interview par Hélène MICOUD
Associée de l’Entreprise Ephémère de Villetaneuse