Dirigeant d’un hôtel et d’un restaurant, Antoine Attia est à la tête de cet hôtel 4 étoiles ainsi que du restaurant La Plage situé en bord de mer à Nice.
Au total, les deux établissements réunissent 43 collaborateurs à l’année, un chiffre qui grimpe en pleine saison avec 20 collaborateurs supplémentaires pour l’hôtel et 77 pour La Plage. Face à une telle augmentation des employés, le directeur nous en dit plus sur sa manière de recruter et les difficultés auxquelles il doit faire face.
Dans une entreprise comme celle du Beau Rivage (hôtel et restaurant inclus), le nombre de type de postes est très important et balaye un large champ de compétences : Femme de chambre, première femme de chambre, gouvernante, gouvernante générale, assistante gouvernante, équipier, réceptionniste, premier de réception, assistant du chef de réception, le chef de la réception, responsable hébergement, responsable petite déjeuner, des serveurs, commis, plongeurs, cuisinier, chef de partie, barman, responsable du restaurant, limonadier, maître d’hôtel, chef de rang, premier barman et pour la plage de nombreux grades de plagistes…
Alors concrètement, comment recrute-t-on dans un hôtel-restaurant d’une telle ampleur ?
Les étapes du recrutement des établissements du Beau Rivage à Nice
Tout est une question d’organisation pour Antoine Attia. Profil de poste, diffusion de l’offre d’emploi, sélection, entretiens… voici les étapes à franchir pour rejoindre les équipes du Beau Rivage ou celle de La Plage à Nice.
Établir un profil de poste et diffuser l’annonce
Pour chaque besoin en recrutement, le directeur et son équipe établissent un profil de poste avec les compétences recherchées, les diplômes demandés mais également le savoir-être nécessaire au poste puis diffusent une annonce sur différents réseaux comme Pôle Emploi, Linkedin, Facebook… et affichent également des annonces aux abords des établissements en plus d’utiliser les réseaux existant de chacun.
Sélection et entretiens
Seconde étape, les équipes sélectionnent plusieurs CV et laissent les chefs de service concernés faire les premiers entretiens. Puis ils présentent 3 candidats à leur supérieur hiérarchique pour un deuxième entretien, et enfin la personne retenue sera convoquée à un troisième entretien dans lequel une proposition concrète lui sera faite.
Souriant, ouvert, chaleureux… des soft skills importants pour travailler dans l’hôtellerie et la restauration
Des compétences sont indispensables pour Antoine Attia comme un bon niveau d’anglais pour les collaborateurs en contact avec le client. En effet à Nice, la clientèle des deux établissements est internationale surtout en haute saison !
Côté savoir-être certaines valeurs sont indispensables dans ce métier selon lui :
“Je vais privilégier l’attitude, les valeurs et surtout l’envie de faire plaisir ! Même si la personne manque de compétences, c’est plus facile de transmettre des compétences que de transmettre une éducation”
Des soft skills privilégiées et une transmission de compétences
En effet, depuis la crise sanitaire les exigences au niveau des compétences techniques ont changé. De nombreux professionnels ont quitté le navire et le milieu fait face à une baisse du nombre de candidatures.
Pour Antoine Attia, c’est le rôle des établissements de transmettre ses compétences : “À cause du Covid on a perdu 120 000 personnes dans l’hôtellerie et la restauration, et il y a eu une perte de compétences. C’est donc à nous de retransmettre de nouveau ces compétences pour reformer des gens. Nous sommes donc obligés d’être moins regardant sur les compétences, l’offre étant moins importante que la demande.”
Il Faut Que Le Candidat Est “Envie De Bien Faire”
Antoine Attia a fait le constat que trouver des candidats compétents est plus difficile qu’auparavant. Il va regarder chez eux la motivation et l’envie de bien faire :
“Nous regardons que les candidats puissent être assez réactifs dans la transmission des compétences. L’attitude va être très importante pour moi : l’envie de bien faire, l’envie de servir car c’est cela notre métier dans l’hôtellerie et la restauration. Si le candidat à cette envie, nous allons pouvoir lui apprendre beaucoup de choses ! Mais s’il a les compétences et pas cette envie, ça va être difficile de le faire évoluer.”
Plus de difficultés à recruter dans l’hôtellerie et la restauration mais aussi plus de moyens déployés pour intégrer un nouveau collaborateur et le conserver !
Une fois l’étape du recrutement passée, les équipes du Beau Rivage et de La Plage du Beau Rivage vont accompagner l’intégration des nouveaux collaborateurs et mettre tout en œuvre pour les garder le plus longtemps possible.
“Aujourd’hui, quand nous recrutons un candidat, il faut mettre beaucoup plus de moyens dans son accueil, sa formation et son accompagnement pour éviter de le perdre. Quelqu’un qui s’en va c’est un échec pour nous comme pour lui. Dans notre groupe, il est très important de bien l’accompagner. On lui remet un livret d’accueil, on lui transmet les valeurs de l’entreprise, les premiers jours on lui fait faire des tours de service, on lui montre le fonctionnement… “
La promotion interne, un outil pour motiver les collaborateurs…
Pour alimenter la motivation de ses collaborateurs, Antoine Attia privilégie la promotion interne car pour lui : ” Il est difficile de motiver quelqu’un avec seulement un salaire ! Il faut aussi un plan de carrière et l’espoir de pouvoir évoluer dans l’entreprise car c’est cela qui motive les gens. Pour cette promotion interne, il faut apporter de la formation continue et faire évoluer les gens en leur confiant, petit à petit, de plus en plus de responsabilités à leur niveau pour qu’un jour ils puissent prendre la responsabilité qui est au-dessus de leur niveau. Un réceptionniste peut passer 1er de réception, un 1er de réception peut passer assistant du chef de réception…”
…Mais un système qui a ses limites, il faut aussi intégrer de nouvelles personnes et de nouvelles compétences !
Pour le directeur, ce système à tout de même des limites “si vous ne faites que cela, vous ne faites pas entrer de nouvelles compétences dans l’entreprise. Alors il faut penser à faire rentrer de temps en temps des personnes de l’extérieur, avec des compétences que nous n’avons pas au sein de l’entreprise pour l’enrichir.”
Un juste équilibre à trouver pour Antoine Attia.
Le salaire ne suffit plus à attirer des collaborateurs, il faut aussi s’intéresser à lui et lui proposer des projets !
Antoine Attia en a bien conscience, le salaire n’est plus la seule motivation pour les salariés. Projets, bien-être et reconnaissance pour le directeur il est important de créer une vraie relation avec les collaborateurs :
“À l’époque, le travail c’était presque un privilège ! Quand vous offriez du travail, vous étiez en position de force. Maintenant, je pense que les cartes ont changé, nous jouons d’égal à égal. L’employeur doit trouver des collaborateurs et il le fait avec difficulté, il doit donc être attrayant. Les collaborateurs ont le choix aujourd’hui, de ne pas travailler et de toucher le chômage qui correspond à 80% de leur salaire, ou trouver un emploi et travailler 39 heures par semaine pour seulement 20% de plus. Ce n’est donc pas suffisant, il faut trouver d’autres manières de les motiver : des missions, des projets, voilà ce qui intéresse beaucoup les jeunes. Il faut aussi de la reconnaissance ! S’intéresser à lui, le suivre, reconnaître son travail, l’aider à s’améliorer et lui apporter des compétences ! Il faut créer une vraie relation humaine avec ses collaborateurs.”