Il est photographe indépendant et papa de jumelles âgées aujourd’hui de 7 ans. Abdou Diouri a une souplesse dans son travail mais aussi des contraintes liées à son métier, comme l’irrégularité des contrats et donc une problématique financière. “ A cause de plateformes, le photographe est transformé en opérateur et n’est plus auteur, c’est ce que l’on pourrait appeler le phénomène d’uberisation de mon métier ! ”
Ce phénomène s’est accentué au moment où Abdou est devenu papa de ses jumelles mais pour lui, cette période n’a pas été si négative : “ Heureusement, j’ai l’habitude que mon métier se détruise et se reconstruise et j’ai pris l’habitude de gérer la peur du lendemain. On est toujours là à courir dans nos métiers respectifs et c’est difficile de ralentir le rythme de vie. Mais au moment de la venue de mes jumelles, la priorité s’est imposée à moi. Je n’ai pas touché terre pendant 8 mois et ça a transformé qui j’étais.”
Abdou Diouri nous raconte comment ses enfants ont donné un autre ancrage dans sa vie professionnelle dans ce nouvel épisode de notre Théma Parentalité/Emploi.
Pendant 8 mois, nous avons collecté des témoignages de parents, de recruteurs et de professionnels. Ils nous parlent souvent en anonyme de leurs difficultés ou des initiatives positives qu’ils ont mises en place. Ce dossier n’a pas pour vocation de récompenser les bons élèves et de fustiger les mauvais, mais uniquement de donner la parole sur un sujet qui concerne de nombreux Français.
Pendant 8 mois, nous avons collecté des témoignages de parents, de recruteurs et de professionnels. Ils nous parlent souvent en anonyme de leurs difficultés ou des initiatives positives qu’ils ont mises en place. Ce dossier n’a pas pour vocation de récompenser les bons élèves et de fustiger les mauvais, mais uniquement de donner la parole sur un sujet qui concerne de nombreux Français.
Abdou a dû faire des choix car la vie de parents de jumeaux n’est pas de tout repos. Il a appris à faire le tri :
“ La parentalité enlève ce qui est inutile et en trop dans une vie. La parentalité m’a doté d’une épée pour trancher le temps et m’a permis de me recentrer sur l’essentiel. Désormais, je préfère limiter le plus de choses possibles, celles qui n’ont pas de sens pour moi. ”
Se concentrer sur l’essentiel, ça a notamment été pour notre interlocuteur la mise entre parenthèses de son projet artistique. Abdou Diouri est photographe et artiste. Il propose en parallèle de ses prestations un voyage photographique sur les traces d’un géographe qu’il a suivi du Maroc jusqu’en Chine. Ce parcours, Abdou l’a démarré avant de se marier et d’avoir des enfants. Avec la naissance de ses filles, il a choisi de le mettre temporairement de côté.
“La parentalité est venue enlever ce qui était inutile mais est venue renforcer ce qui était essentiel pour mon équilibre intérieur. Comme j’ai l’obligation d'être hyper efficace y compris dans la vision et l’exécution de mon projet. Je dois me doter d’un outil lié à la rentabilité de mon activité artistique. Ma situation de papa m’a obligé à penser avec une acuité plus grande ! C’est un changement de ma personne amené par ma vie de famille. J’ai trouvé des solutions plus concrètes pour réaliser ce projet.”
Abdou Diouri s’est formé de façon à pouvoir concrétiser son projet, il a réaménagé son atelier pour être autonome, transformer et vendre ses œuvres. Ses filles sont aujourd’hui âgées de 7 ans, sa femme qui était en changement professionnel au moment de la naissance des enfants, s’est réorientée dans l’esthétique pour passer de salariée à à son compte.
L’essentiel pour ce papa est de voir ses enfants grandir
“ L’évolution des enfants de 0 à 6 ans est tellement incroyable qu’on voulait être présents. Si on devait reprendre une activité ça serait selon nous mieux après cette tranche d’âge. Dans nos histoires personnelles et professionnelles, nous voulions être disponibles tous les deux et la gémellité est une charge tellement importante que finalement nous n’avions pas le choix ! ”
Finalement passés les 6 ans de leurs filles, Abdou et sa femme ont choisi de conserver ce rythme pour voir grandir leurs enfants. “ Même si financièrement c’est extrêmement juste, l’essentiel n’est plus là ! ”
Ce que la parentalité a transformé au sein de cette famille, c’est la conception de famille justement. Ainsi, les projets professionnels d’Abdou se pensent désormais à 4. Il envisage d’ailleurs d’embarquer sa famille dans son voyage photographique !
" Ça a du sens dans l’éducation des enfants, pour qu’elles puissent voir le monde, les différences culturelles, les différentes façons de vivre ! Il faut bien cela pour qu’elles résistent aux déferlements des Netflix et obligations sociales d’avoir un téléphone etc. L’ouverture et la diversité des choses qu’elles auront vécues feront que toutes ces choses là auront moins d’emprise sur elles.”
Ce qu’Abdou souhaite développer c’est un modèle économique basé sur des critères où il peut faire quelque chose qui correspond à son cœur de métier, mais qui peut être piloté à distance. Il pense par exemple à des ateliers en ligne d’éducation au numérique et aux réseaux sociaux.
La parentalité a permis à Abdou de se poser des questions sur sa place dans la société, son travail, sa manière de vivre. Et ça a été également une stimulation pour trouver des solutions innovantes dans son travail et des nouvelles pistes pour vivre de façon harmonieuse.
“ Moi j’ai choisi de ne pas faire de choix entre mon projet artistique, mon projet professionnel et mon projet familial. La meilleure façon de vivre ensemble pour moi, c’est de pouvoir avoir un travail que l’on peut piloter à distance et qui soit rémunérateur, que l’on puisse vivre une vie de voyage qui soit écolo et qui permette d’ouvrir les esprits de nos enfants et les nôtres.”