à propos.

Tristan Champion

3 enfants, 3 pays, 3 congés paternité différents

Tristan Champion, parisien de naissance est un jeune trentenaire papa de trois enfants qui sont nés dans trois pays différents. Marié à Louise, une norvégienne, ils ont eu leur premier enfant Emile à Paris, puis Nora est née en Norvège et enfin leur troisième enfant Ella a vu le jour à Lausanne en Suisse en 2020.

Tristan travaille chez Nespresso dans le marketing et Louise est professeure d’Histoire et d’Allemand. Alors qu’il expérimente le congé paternité en Norvège, Tristan se lance dans l’écriture à travers le blog Barbe à Papa puis sort un livre La Barbe et le Biberon.

Tristan Champion s’intéresse à la parentalité mais pas seulement ! Inclusion, modèle nordique, problématique égalitaire sur le marché du travail en entreprise…les sujets qui le passionnent sont nombreux.

Nous avons rencontré Tristan Champion dans le cadre de notre Théma Parentalité/Emploi.

Pendant 8 mois, nous avons collecté des témoignages de parents, de recruteurs et de professionnels. Ils nous parlent souvent en anonyme de leurs difficultés ou des initiatives positives qu’ils ont mises en place. Ce dossier n’a pas pour vocation de récompenser les bons élèves et de fustiger les mauvais, mais uniquement de donner la parole sur un sujet qui concerne de nombreux Français.

Pendant 8 mois, nous avons collecté des témoignages de parents, de recruteurs et de professionnels. Ils nous parlent souvent en anonyme de leurs difficultés ou des initiatives positives qu’ils ont mises en place. Ce dossier n’a pas pour vocation de récompenser les bons élèves et de fustiger les mauvais, mais uniquement de donner la parole sur un sujet qui concerne de nombreux Français.

3 enfants, 3 pays,

3 congés paternité différents

En France, il a 30 ans quand son fils Emile pointe le bout de son nez. A cette époque, il bénéficie comme tous les papas de onze jours de congés.

« J'étais fier de devenir papa et j'avais envie de m'occuper de mon petit. Je ne m'étais pas trop posé de questions sur les histoires de congé et en entreprise. J'avais juste pris 11 jours comme tout le monde, j'ignorais même qu'on pouvait s'arrêter plus longtemps. C'était Louise, mon épouse, qui faisait la plupart des tâches autour du nouveau-né. J'aimais bien la sensation du porte bébé. Quelques mois après, nous partions pour Oslo car ma femme norvégienne m'a toujours dit que les pays scandinaves sont idéaux pour élever un enfant. »

Cette nouvelle vie à Oslo va effectivement changer beaucoup de choses dans la paternité de Tristan.

« Avec cette expérience j’ai pris du recul sur ce que la France offre de bien et sur les choses à améliorer vis-à-vis de cela ! Quand on est père en France et que l’on a un congé paternité pas forcément très long, on ne se pose pas beaucoup de questions. On a juste une sorte de passivité et on aide sa partenaire à la maison telle une parenthèse dans sa vie. Ce n’est pas exploité comme en Norvège. Là-bas, on vous dit que vous allez vous arrêter pendant minimum trois mois et que vous allez vous occuper de votre enfant tout seul. »

Son expérience personnelle lui donne donc envie de s’intéresser à ce modèle norvégien qui change beaucoup de choses au-delà même de son rôle de père : « En Norvège, la naissance d’un enfant peut permettre de réduire les inégalités homme femme que ce soit à la maison ou sur le marché du travail. »

Mais Tristan et Louise ne s’arrêtent pas là, puisqu’ils accueillent leur troisième enfant Ella en Suisse en 2020.

« On se plaisait bien à Oslo mais mon entreprise m'a proposé une expatriation et c'était chouette de découvrir un nouveau lieu. Je ne dirais pas que l'intégration en Suisse était difficile (culture proche de la France, pas de problème de langue), mais on a été choqués par l'absence de politique familiale et égalitaire autour de l'enfant. Le congé paternité lorsqu'Ella est née était de 0 jour pour le père ( il est passé à 10 jours depuis). Mon entreprise m'a donné 4 semaines ce qui était chouette, mais contrairement à Oslo où on était beaucoup de pères à prendre de longs congés, ici j'étais un peu seul à m'arrêter si longtemps. C'était donc moins inspirant et moins vivant comme expérience, mais j'ai pu faire une bonne pause. »

Le modèle en Norvége :

partager dans le couple 10 mois de congés parentaux.

Comme l’explique très bien Tristan sur son blog, en Norvège les parents disposent d’un congé alterné depuis trente ans maintenant qui consiste à prendre chacun à tour de rôle 49 semaines au total, indemnisées par l’Etat à hauteur de 100% du salaire (avec la limite maximum de 6000 euros par mois).

« Ce modèle a beaucoup changé mon couple ou en tout cas mon implication dans l’éducation des enfants, ma sensibilité en entreprise autour de la parentalité et surtout il fait vivre les mêmes expériences aux deux parents. Il permet également l’égalité sur le marché du travail, puisqu’ici les femmes représentent les mêmes « risques » que les hommes pour l’employeur. »

Tristan Champion ne cache pas que le fait de prendre 5 mois de congés paternité n’a pas été une évidence pour lui au départ. Cela a été générateur de stress : comment l’annoncer à sa cheffe ? Mais a aussi généré des questions sur sa carrière. Le fait de rester seul avec son enfant pendant tous ces mois était aussi un défi à relever.

« Pour moi ça n’a pas été si évident que cela de faire ces 5 mois ! Je n’avais pas d’autres pères autour de moi dans ce cas-là. Au départ j’ai dû me forcer, mais heureusement là-bas, tout le monde prend ses congés. Ca aide donc que la norme soit établie, mais il y a quand même des freins à prendre autant de temps pour ses enfants, comme l’inquiétude sur sa carrière par exemple. J’étais très stressé à l’idée d’annoncer à ma cheffe que je souhaitais prendre ces 5 mois, ce n’était pas dans mes repères, d’autant plus que je demandais une promotion dans la même journée ! Sa réaction a été bonne car là-bas, c’est normal que les pères prennent un congé paternité. »

Alors que la France est passée de deux semaines à quatre semaines il y a tout juste un an (depuis le 1er juillet 2021) pour Tristan, il est important de lever les freins pour les hommes afin qu’ils puissent sauter le pas.

« Je n’avais pas projeté que je resterais cinq mois seul avec ma fille ! Je suis plutôt carriériste. J’ai vécu ce que beaucoup de femmes vivent en France, sans y être vraiment préparé. Ça a créé beaucoup de frustrations chez moi. En France, je ne me posais pas toutes ces questions. La répartition des tâches devient choisie et pas subie finalement. Le papa devient co-pilote de l’éducation des enfants. Ça été un déclencheur pour moi et j’ai compris pourquoi il y avait si peu d’inégalités en Norvège, 70% des pères s’occupent des enfants seuls pendant 3 à 4 mois. Il y a donc d’autres automatismes qui se créent au sein du couple. »

Pour les entreprises, en Norvège, prendre son congé paternité fait partie de la norme.

« Le père qui ne prendrait pas ses 3-4 mois pourrait même être mal vu de ses collègues ! Ce n’est pas une obligation mais on peut être perçu comme quelqu’un de pas conscient du monde dans lequel il vit. On regarde de travers les gens qui ne le font pas, même si on respecte la vie des gens. A la machine à café, plus le papa prend un long congé, plus il est vu comme responsable et moderne !»

Le modèle Norvégien

réplicable en France ?

Pour Tristan, qui a beaucoup milité pour allonger le congé paternité, il n’y a pas de doute, on s’en rapproche ! Notre interlocuteur a même abordé le sujet avec le ministre de la santé et de la prévention, Adrien Taquet :

« Le ministre adorait le modèle nordique mais pour lui, pour la France, il faut encore une période de transition. Moi je suis persuadé que dans 7 ans la France va évoluer vers ce modèle-là ! On a encore des quadragénaires un peu réticents mais la prochaine génération regardera cela avec un œil plus moderne et un enjeu plus égalitaire. Se pose tout de même la question du financement : comment finance-t-on 3 mois de congés paternité en plus de 4 mois de congés maternité ? »

En Norvège, il faut savoir que 100% du salaire est conservé pendant cette période et le pays n’offre pas de places en crèche avant que le bébé ait 10 mois.

Autant à travers son blog qu’avec son livre, Tristan Champion nous partage sa vision de ce modèle plus égalitaire. Dans La Barbe et le biberon, son livre sorti aux Éditions Marabout, Tristan Champion nous informe sur les modèles nordiques mais il nous partage également son quotidien à travers des anecdotes qu’on attribue souvent au quotidien des mères sur un ton léger.

Sollicité par le Huffington Post pour écrire des chroniques, il devient LE papa français qui a testé ce modèle !

« Les médias sont venus à Oslo pour faire des reportages sur le modèle nordique et j’étais content car j’avais la sensation que je pouvais inspirer la France sur ce modèle beaucoup plus intéressant. »

Son aventure continue car il a même vendu les droits de son livre pour une adaptation au cinéma et un documentaire sur Téva qui sortira dans quelques mois.

Mais si vous demandez à Tristan quel papa il est, il vous répondra « Je suis un papa assez poule, toujours à raconter les histoires aux enfants le soir, faire leur bain, des tours en poussette, m’occuper de beaucoup d’activités. »

Liens utiles :

Livre La barbe et le biberon, Tristan Champion

Paru le 08/01/2020 aux éditions Marabout

Patrice Bonfy, Pascal Van Hoorne et Tristan Champion ont lancé un « Chann3l » sur 3lse.
Des cycles de conférence mutualisés distribués par 3lse et accessibles aux entreprises de toute taille : 4 conférences au fil de l’année, et des interactions avec les speakers entre les conférences.

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