émoi-émoi est une marque qui commercialise des vêtements et accessoires fabriqués en Europe sur son e-shop, fondée en 2010 par un beau duo d’entrepreneuses. Adèle et Nathalie se rencontrent sur les bancs de l’école à HEC. Elles ont alors 24 ans et à cette époque, ne sont pas encore maman. Mais depuis, la maternité est passée par là et l’entreprise s’est agrandie.
Pendant 8 mois, nous avons collecté des témoignages de parents, de recruteurs et de professionnels. Ils nous parlent souvent en anonyme de leurs difficultés ou des initiatives positives qu’ils ont mises en place. Ce dossier n’a pas pour vocation de récompenser les bons élèves et de fustiger les mauvais, mais uniquement de donner la parole sur un sujet qui concerne de nombreux Français.
Pendant 8 mois, nous avons collecté des témoignages de parents, de recruteurs et de professionnels. Ils nous parlent souvent en anonyme de leurs difficultés ou des initiatives positives qu’ils ont mises en place. Ce dossier n’a pas pour vocation de récompenser les bons élèves et de fustiger les mauvais, mais uniquement de donner la parole sur un sujet qui concerne de nombreux Français.
Adèle s’occupe de la création des produits et Nathalie de la gestion de l’entreprise. Devenir mères a eu un impact dans leurs vies personnelles naturellement, mais aussi dans l’entreprise ! Depuis que la maternité est devenue d’actualité, la marque commercialise de nouveaux produits.
“Devenir maman a eu un véritable impact sur la créativité d’Adèle ! De mon côté, au niveau de la gestion de l’entreprise, ça m’a beaucoup inspiré sur le mode de management, la gestion de l’équipe, les horaires, l’équilibre pro-perso...”
La première année en tant que maman n’a pas été simple pour Nathalie qui a rencontré des difficultés à trouver un équilibre pro-perso, et a décidé de se faire accompagner par une coach.
“ J’ai réalisé que ce n’était pas qu’une question de répartition entre le boulot et la famille mais qu’il s’agissait surtout de trouver du temps pour moi et ça c’était essentiel. Ensuite j’ai appris énormément de choses sur la partie management parce qu' avec mon associée on est très autodidactes. Avec Adèle, nous nous sommes rendues compte qu’il fallait plus déléguer et ce n’est pas seulement transférer la charge c’est aussi accepter que les gens soient plus autonomes dans leurs décisions, de faire grandir les équipes par rapport à ça. “
Finalement, pour Nathalie, devenir maman lui a permis d’énormément grandir professionnellement. A ce jour, émoi-émoi c’est un collectif de 15 personnes créatives et passionnées dont certains jeunes parents.
“ On vend des vêtements uniquement en ligne et on s’est fait connaître via les réseaux sociaux et via notre magazine en ligne sur lequel nous parlons beaucoup parentalité. C’est un sujet majeur pour toute l’entreprise ! ”
A titre personnel, Nathalie Fargeon a été la première femme de l’entreprise à prendre son congé maternité, suivie par son associée puis par de nombreuses collaboratrices. Si ce sujet n’était pas d’actualité au démarrage de la société, la parentalité a rapidement pris tout son sens. Bien qu’au départ, ce n’était pas si simple :
“ Quand on est une petite entreprise d’une dizaine de personnes, il n’y a pas forcément de binômes qui travaillent sur les mêmes sujets. Pour les remplacements de congés maternité, il a fallu s’adapter à ces contraintes-là. C’est vite devenu un vrai sujet en interne mais aussi sur notre magazine en ligne et sur nos réseaux sociaux.”
De son côté, Nathalie a fait des choix assez drastiques il y a quelques années.
" Pendant 10 ans j’avais beaucoup de mal à trouver mon équilibre et je travaillais énormément. Il y a 3 ans avec ma famille, nous avons déménagé en Bretagne alors que l’entreprise est basée à Paris et j’ai trouvé un rythme où je suis principalement en télétravail. Au début, j’allais 2 jours par semaine à Paris et depuis le COVID, j’y vais 3 jours toutes les 2 semaines sauf en cas de besoin. C’est pas tout rose et tout simple ! Le revers de la médaille est de passer beaucoup de temps devant un ordinateur en visio et c’est vrai que c'est quand même beaucoup plus agréable d’être avec les gens au bureau. Mais les côtés très positifs c’est que j’ai réussi à trouver un bon équilibre parce que les jours où je suis en télétravail j’arrive à m’arrêter vraiment tôt et à aller chercher les enfants à la crèche et à l’école et finalement être plus présente pour ma famille. "
Un équilibre que Nathalie a mis du temps à trouver mais qui aujourd’hui lui convient bien.
“ Quand je suis à Paris, pendant 3 jours je ne suis que femme et professionnelle, sans contraintes sans charge mentale familiale et le reste du temps, je suis chez moi avec ma famille !”
Mais un équilibre rendu possible aussi avec la participation de son mari.
” Mon mari gère énormément de choses et ce n’est pas facile pour lui, mais on savait que c’était la condition pour que je sois très épanouie dans mon travail et que mon salaire permette de faire vivre la famille. Une organisation qui a nécessité des adaptations professionnelles aussi de son côté. Pour que cela fonctionne, l’allongement du congé paternité est primordial. C’est à ce moment- là que tout se crée. Il faut que les papas prennent leur place sinon les mamans ne peuvent pas prendre en main leur carrière. C’est essentiel !”
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"C’est très intense et c’est possible car on a une équipe ultra autonome et ultra investie au sein d'émoi-émoi. On avait déjà pris des habitudes de flexoffice avant, il y a donc pas mal de paramètres qui étaient favorables. Je pense que ça n’aurait pas été possible au début !”
Avant même de découvrir le Parental Challenge, l’équipe d’émoi-émoi s’était penchée sur la question, avec le projet d’aller plus loin pour les besoins de l’équipe. En 2020, l’entreprise signe le Parental Act avec une centaine d’autres entreprises, en prenant en charge non pas 7, comme c’était le cas à l’époque, mais 30 jours de congés paternité. Cette mesure était très importante pour Nathalie et son équipe, mais ne traitait qu’une partie du sujet.
En interne, l’équipe d’émoi-émoi décide de rédiger une charte à partir de toutes leurs réflexions puis de se regrouper avec d’autres entreprises pour proposer quelque chose qui irait encore plus loin.
“ C’était juste une idée et nous n’avons malheureusement jamais pu la mettre en place parce que nous sommes une petite boîte et qu’il y a toujours quelque chose de plus urgent à faire.”
En décembre 2022, au sein d’un réseau d’entrepreneurs, Nathalie entend parler de l’initiative du Parental Challenge. Elle décide de prendre contact avec l’une des cofondatrices qui lui explique le projet et se rend compte que c’est exactement l’idée qu’elles avaient en tête mais qu’ici les réflexions et la mise en œuvre étaient déjà bien avancées et concrètes ! C’est donc tout naturellement qu’elles sont devenues signataires du Parental Challenge.
Pour Nathalie, la mise en place a été assez facile car une partie des mesures étaient déjà appliquées en interne mais cela a permis de mettre des mots sur ce qui était déjà fait et d’acter les choses.
" Cette charte pointe du doigt le fonctionnement dans une entreprise qui n’est pas compatible avec la parentalité. Dans notre entreprise, il y a beaucoup de choses que les collaborateurs pouvaient nous demander mais ils n’ont peut-être pas forcément osé parce que tout le monde est très engagé, que certains sont parents et d’autres non. Au final, ça a été un changement assez soft mais le fait de mettre des mots sur ce qu’on faisait déjà a permis d’augmenter l’adhésion des collaborateurs et leur fidélité."
Chez émoi-émoi, la flexibilité a toujours été très importante. Par exemple, lorsque les enfants sont malades, les collaborateurs peuvent choisir le télétravail plutôt que de poser des congés.
" Le fait d’avoir acté les congés pour enfant malade, a permis aux gens de se rendre compte que c’était permis et qu’ils avaient le droit de s’arrêter pour s’occuper de leurs enfants. Et là, on voit aussi la limite du dispositif puisque chez nous nos collaborateurs sont tous tellement impliqués que parfois, il n’y a personne pour les remplacer ! Donc aujourd’hui, dans les faits, personne n’ a encore posé une journée entière enfant malade parce qu’ils vont quand même ouvrir leur mail pendant la sieste pour gérer une petite urgence ou deux. Donc il reste encore du travail en interne notamment en travaillant à ce qu’il y ait plus de polyvalence dans l’équipe pour que l'on puisse se remplacer les uns les autres même si ce n'est pas le même métier. C’est notre sujet de l’année à venir…”
Avec la moitié de l’équipe qui est jeune parent et l’autre moitié qui ne l’est pas, Nathalie souligne que l’un des sujets aussi a été d’améliorer la vie au travail de ceux qui ne sont pas parents.
“ C’est un sujet assez sensible, parce que c’est sûr que c’est beaucoup plus dur quand on est parent : il faut se couper en deux, on a beaucoup de contraintes, etc. Mais en même temps pour la cohésion de l’équipe c’est important que les « privilèges » ne soient pas destinés qu’aux parents.”
L’idée pour Nathalie est de ne pas créer une équipe à 2 vitesses. En laissant un maximum de liberté, d’organisation personnelle à son équipe tout en veillant à ce que cela ne nuise pas au travail, à la collaboration, à la motivation et à l’intégration de chacun. Le télétravail oui mais émoi-émoi a aussi des bureaux pour permettre à tous de se retrouver au bureau de temps en temps.
“ Cela permet d’être tous dans les mêmes conditions de travail et d’être ensemble.”
Ici ce qui compte, c’est que tous les collaborateurs puissent trouver l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle !